Au cours des dernières années, nous avons collaboré avec ME to WE à des initiatives visant à favoriser l’accès à l’eau potable dans des communautés en développement au Kenya. Cette année, nous sommes fiers d’étendre notre action à l’Inde, l’un des principaux producteurs de thé et d’épices au monde. L’Inde est également le deuxième pays le plus peuplé de la planète, comptant de nombreuses communautés aux prises avec des problèmes d’accès à l’eau potable et à des soins de base.
Un meilleur accès à l’eau potable contribue à réduire les maladies et entraîne une amélioration de l’agriculture et de l’accès à la nourriture pour l’ensemble des communautés. Notre partenariat avec ME to WE contribue présentement à aider sept communautés en Inde, alors que chaque achat de 50 g de nos thés ME to WE donne 2 semaines d’eau potable à une personne dans le besoin.
Mais de quelle façon exactement ces initiatives contribuent-elles à changer la vie des gens ? Pour le savoir, nous nous sommes rendus au Rajasthan, en Inde, pour rencontrer certaines des personnes qui ont reçu l’aide de l’Organisme UNIS au cours des dernières années.
Les meilleures toilettes en ville
Comment de simples solutions de plomberie ont augmenté le taux de scolarisation des filles dans les campagnes de l’Inde
Les toilettes. On tient souvent pour acquis qu’on va en trouver quand on en aura besoin. Mais pour les filles habitant les régions rurales de l’Inde, une excursion pour aller faire leurs besoins peut s’avérer humiliante et perturber leurs études.
« Je devais sortir de la classe et aller à l’arrière du bâtiment », nous a raconté une fillette de l’école primaire de Kalthana, un village éloigné dans la province du Rajasthan, au nord de l’Inde. Comme de nombreuses écoles de la région, cette école ne dispose que d’un seul bloc sanitaire : une rangée d’urinoirs en plein air, comportant de simples cloisons pour séparer les trous dans le sol. Pour avoir un peu d’intimité, les fillettes doivent s’éloigner de la salle de classe, ce qui veut dire qu’elles manquent d’importantes parties des cours.
L’Inde est le pays comptant la plus importante population n’ayant pas accès à des toilettes. Comme les fillettes courent le risque de se faire harceler ou agresser lorsqu’elles s’éloignent ainsi, plusieurs d’entre elles choisissent de rester à la maison pour des raisons de sécurité ou pour préserver leur dignité pendant leurs règles.
En 2014, l’Organisme UNIS a fourni à cette école un système d’alimentation en eau fonctionnel, qui ne nécessitait pas d’électricité; le village a ainsi eu de l’eau courante pour la toute première fois. Des toilettes à chasse d’eau ont également été installées, avec des installations séparées pour les garçons et les filles et un endroit pour se laver les mains.
Geeta et Seeta, deux jumelles de 17 ans, vont à l’école secondaire Verdara. En Inde, les filles sont beaucoup moins nombreuses que les garçons à fréquenter l’école secondaire, avec des taux de décrochage qui montent en flèche après la puberté. Les filles peuvent manquer une semaine complète d’école lorsqu’elles ont leurs règles, pour éviter de devoir aller dans les buissons.
Geeta raconte qu’elle avait honte d’utiliser la toilette délabrée qui était à leur disposition, destinée aux garçons et aux filles, mais que la plupart évitaient. « Nous devions aller dehors, ajoute Seeta, c’est pour ça que de nombreuses filles ne venaient pas à l’école. Leurs parents ne leur auraient pas permis. »
Mais ça, c’était avant.
L’école Verdara dispose maintenant de nouveaux blocs sanitaires neufs séparés pour les garçons et les filles, avec des toilettes à chasse d’eau et un bassin communautaire pour se laver les mains. L’Organisme UNIS s’est chargé de renouveler le système de plomberie et de construire les blocs sanitaires, de même que trois nouvelles salles de classe. De plus, 30 panneaux solaires sont présentement installés sur le toit et permettront bientôt à l’école de fonctionner à l’énergie verte.
Avec l’arrivée des toilettes à chasse d’eau et de l’intimité apportée par des blocs sanitaires distincts pour les filles et les garçons, Geeta et Seeta ont décidé de faire connaître ces nouveaux services publics. Elles ont été rendre visite à deux de leurs amies et ont parlé à leurs parents. « Nous leur avons dit qu’il ne devait plus s’inquiéter maintenant et qu’ils pouvaient envoyer leur fille à l’école, » raconte Geeta. Et c’est ce que les parents ont fait.
Dans deux ans, Geeta et Seeta termineront leurs études à l’école secondaire Verdara. Les filles prévoient aller au collège et devenir enseignantes ou médecins – ou une ingénieure, dit Seeta, si elle a d’assez bons résultats en math.
L’effet d’entraînement
Dans les régions rurales de l’Inde, les femmes sensibilisent leur entourage aux maladies d’origine hydrique et mènent la révolution de l’eau potable
Nous vous présentons Ramba Bai. Chaque jour, et ce depuis 45 ans, elle transporte sur sa tête deux pots d’argile qu’elle va remplir au puits du village. Avec une famille de sept personnes, Ramba a besoin de beaucoup d’eau. Elle va remplir ses pots huit fois par jour. « Nous utilisons l’eau pour nos chèvres, pour nos bœufs, pour boire, pour nous laver, pour laver les vêtements », explique-t-elle.
L’Organisme UNIS travaille présentement à un programme visant à combattre les maladies d’origine hydrique et à améliorer la santé des communautés. Le principal obstacle ? Convaincre des femmes sceptiques comme Ramba d’ajouter une autre étape au processus : faire bouillir l’eau avant de la boire.
La famille de Ramba a été malade, mais ne savait pas que l’eau pouvait en être la cause. Ici, ce que les gens de la place appellent « swargh » – le mot mewari pour « lourdeur » – est un terme générique pour désigner une variété de problèmes gastro-intestinaux comme la perte d’appétit, la fièvre et les maux de ventre chroniques. La lourdeur est un symptôme universel et peut souvent être attribuable à de nombreuses maladies d’origine hydrique comme la jaunisse et la typhoïde, des maladies qui peuvent se propager à partir de bactéries se trouvant dans l’eau.
Le Rajasthan est une province désertique. Sans système de plomberie ou de réservoirs, les communautés dépendent des sources naturelles d’eau, principalement les puits d’eau souterraine. L’Organisme UNIS a aidé la communauté à creuser pour que son puits, et donc sa source d’eau, soit plus profond, ce qui est particulièrement important pendant les mois d’été où il ne pleut pas.
Deux ans plus tard, Ramba fait bouillir l’eau consommée par sa famille, avec des bienfaits évidents pour la santé. « L’eau potable aide ma famille à avoir une vie normale et heureuse », explique Ramba. Afin de faciliter le processus consistant à faire bouillir l’eau, Ramba a installé une cheminée qui aspire la fumée, ou « chulha », dans sa maison. Dans sa communauté, la plus grande partie de la cuisine est faite sur des feux de bois sans cheminée à l’intérieur des maisons; l’ébullition de l’eau est ainsi une tâche qui menace la santé des poumons à cause de la fumée. Ramba est la première femme de sa communauté à utiliser une cheminée qui aspire la fumée et tente maintenant de convaincre ses amies d’en utiliser une aussi. Et ça fonctionne.
Lerki Bai, 35 ans, vient du village à côté. Elle vit dans une maison avec deux autres membres de sa famille et élève des chèvres. Elle ne voulait pas une cheminée et pensait que la nécessité de faire bouillir l’eau était une tâche additionnelle. « Je disais que c’était trop. Mon vieux poêle est petit, avec un seul rond », dit-elle. « Ce serait plus de travail pour moi. »
Les membres de la famille de Lerki souffraient de plusieurs maux. Naring, son époux, devait se rendre régulièrement chez le médecin – un trajet de 15 kilomètres simplement pour s’y rendre – et devait souvent acheter des médicaments pour soulager ses maux d’estomac. La fumée causée par la cuisson provoquait aussi de nombreux autres problèmes. « Nos yeux brûlaient. Les murs étaient noirs », raconte-t-elle. « Les ustensiles étaient noirs. Et nos poumons remplis de fumée. » Curieuse, Lerki a assisté à l’un des séminaires de santé de l’Organisme UNIS. Par la suite, elle a installé une cheminée qui aspire la fumée.
« Lorsque j’ai utilisé la première fois le chulha qui aspire la fumée et vu que les murs n’étaient pas noirs, je savais que ce poêle était mieux », raconte-t-elle. « Il n’y a pas de fumée noire dans la maison. » La santé de sa famille s’est immédiatement améliorée. Et son mari n’a plus à se rendre en ville pour acheter des médicaments.
Un chulha qui aspire la fumée est gros, mais essentiel. Lerki peut y faire bouillir de l’eau et cuisiner en même temps, en utilisant la même quantité de bois. Le programme de chulhas qui aspirent la fumée de l’Organisme UNIS a commencé dans la région en 2014 et, depuis, 700 cheminées ont été installées gratuitement dans 700 maisons de la région. Avec une moyenne de quatre personnes par maisonnée, c’est 2 800 personnes qui respirent maintenant de l’air sain pendant qu’ils cuisinent. Et ce n’est qu’un début.
« Je dis à toutes mes amies d’essayer un nouveau poêle et de faire bouillir l’eau », dit Lerki. Et celles-ci le diront ensuite à leurs amies, ce qui améliorera la santé de leurs familles.
Une oasis dans le désert
La technologie et la foi contribuent à fournir de l’eau à des fermiers dans une province du désert
Kharta Ram, 85 ans, est perché sur le bord d’un puits. Il est la cinquième génération de fermiers du village rural de Verdara, où il a aidé son père à creuser le puits à la main, alors qu’il était enfant. Mais après des décennies à inonder les champs pour les irriguer, le puits est à sec. Les champs qui ont nourri des dizaines de familles de fermiers ne produisent plus.
L’Organisme UNIS a entendu parler de leur malheur et a proposé une solution nécessitant du dynamitage et de la machinerie lourde afin de tirer sur les parois du puits et trouver de nouvelles veines d’eau dans le roc. Ce procédé augmenterait la profondeur du puits et la vitesse de remplissage de l’eau. « Les fermiers avaient peur », se rappelle Kharta. Les autres fermiers et lui se trouvaient devant un choix : regarder le puits se vider ou faire venir de la machinerie et faire exploser leur moyen de subsistance, dans l’espoir d’avoir plus d’eau.
Le Rajasthan représente 10 % du territoire de l’Inde, mais compte seulement 1,1 % de l’eau de surface du pays. C’est une région désertique d’extrêmes, où les pluies de la mousson inondent abruptement les champs après la chaleur sèche de l’été. Les résidents dépendent presque entièrement des puits qui tirent l’eau du sol lorsqu’elle ne tombe pas du ciel. Il y a deux ans à peine, la province a été aux prises avec une crise de l’eau potable.
Ç’a été un problème énorme pour de petites communautés tribales comme celle de Kharta. Les hommes cultivant ses terres pratiquent l’agriculture de subsistance, c’est-à-dire qu’ils cultivent juste assez pour se nourrir, sans surplus destiné à la vente. Ils ont besoin d’eau pour boire, et ils ont besoin d’eau pour cultiver leur source principale de nourriture.
Creusé à l’origine par des fermiers qui voulaient s’installer sur une terre, le puits est un pilier du village. Les hommes ont creusé pendant un an pour obtenir un puits suffisant pour fournir un apport continu d’eau souterraine pour irriguer leurs terres. Ils cultivent le maïs en été et le blé en hiver. Et on pourrait dire que leurs prières avaient été entendues. Mais été après été, le niveau baissait.
En 2014, l’Organisme UNIS a proposé d’amener de l’équipement, d’embaucher des conducteurs de machinerie et de financer le projet. Mais pour ce faire, les 15 fermiers devaient approuver le projet et contribuer à la main-d’œuvre parce que la participation de la communauté est nécessaire pour assurer la viabilité à long terme d’un projet.
« Même quand le travail était à moitié terminé, je n’y croyais pas », admet Kharta. Ce n’est que lorsque le puits a été terminé que sa foi est revenue. La capacité du puits et sa vitesse de remplissage ont augmenté presque immédiatement. Les récoltes se sont multipliées, et une toute nouvelle saison de semailles a été ajoutée, avec du soya et du haricot mungo. « Ma famille a assez de nourriture, et nous sommes en santé. Nous pouvons maintenant cultiver tout ce que nous voulons. » Depuis la reconstruction, le puits ne s’est jamais tari, même en été.
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